La compassion en période de pandémie…

La compassion pendant la peste de Marseille en 1720

L’arrivée brutale de la peste à Marseille en 1720 est due à la rupture de la quarantaine appliquée aux vaisseaux venant des Echelles du Levant, où la peste, disparue en France, était encore endémique. Le Grand Saint Antoine, navire commandé par le capitaine Chataud, fit de fausses déclarations bien que sept passagers soient morts pendant la traversée : si bien que  les soieries et cotonnades destinées à la foire de Beaucaire furent débarquées. La peste se répandit rapidement dans la ville, et la parlement d’Aix interdit de sortir de la ville « sous peine de la vie ». Deux possibilités s’offrirent aux Marseillais : se confiner,  ce qui fut le cas de certaines communautés religieuses et de l’administration des galères, ou suivre l’adage hippocratique : partir vite, aller loin et revenir tard, ce que firent beaucoup de nobles et de bourgeois aisés qui se réfugièrent dans leurs bastides et leurs campagnes avant qu’un cordon de troupes en empêche la sortie.

          L’attitude des religieux fut variable : les chanoines de Saint-Victor et les Dominicaines choisirent la réclusion. Les ordres prêcheurs et les curés des paroisses restèrent près des fidèles avec compassion, leur distribuant les derniers sacrements, bien que les églises soient fermées, les processions et les cérémonies funèbres supprimées. Ils payèrent un lourd tribut à la peste.  

L’évêque de Marseille Henri-François-Xavier de Belsunce de Castelmoron était né en 1671 au château de la Force, près de Bergerac et avait été élevé dans la religion réformée. Ses parents loyalistes et leurs enfants abjurèrent à la révocation de l’Edit de Nantes. Il fut donc élevé par les jésuites du collège Louis-le-Grand à Paris et devint lui-même jésuite, puis grand vicaire à Agen et enfin évêque de Marseille en 1709. Il a laissé le souvenir d’un prélat dévoué à ses ouailles et d’un grand courage. Il ordonna le 15 juillet 1720 d’adresser des prières à Saint-Roch, le saint de la peste ; il plaça Marseille sous la protection du Sacré-Cœur de Jésus le 22 octobre ; le 16 novembre, il monta en haut du clocher des Accoules pour donner sa bénédiction à la ville et lancer les exorcismes liturgiques. Il n’hésita pas à se rendre rue des Escales et dans les quartiers durement frappés sans craindre la contagion et fit distribuer les revenus de son diocèse et de sa cassette personnelle  pour secourir et nourrir les Marseillais. Il  n’était cependant pas très aimé de ses contemporains car il avait pris une part active à la querelle des sacrements, et persécutait les jansénistes. Il s’en prit aussi aux Oratoriens, ennemis des jésuites et aux Présentines en conflit avec le Saint-Siège. Ce qui lui valut cette saillie du Régent : « Voilà un saint qui a bien de la rancune ! ».

L’épidémie entraina une disette, car la ville était confinée, car de nombreuses boutiques étaient fermées, et car peu de maraîchers se présentaient aux portes de la ville. Un élan de solidarité se produisit : des villes comme Montpellier, le pape Clément XI et le Régent envoyèrent des secours en numéraire ou en blé, car le trafic portuaire était totalement interrompu. Les médecins et les chirurgiens  qui ne s’étaient pas enfuis payèrent un lourd tribut, tout comme les curés et les frères des ordres prêcheurs.  Il y eut en septembre 1720 mille morts par jour. Les hôpitaux étaient débordés, les rues encombrées de mourants et de cadavres, la plupart morts sans confession et sans les secours de l’église.  

Les autorités civiles firent face à la grande mortalité sous la direction du commandeur Langeron, chef d’escadre des galères, qui assura le commandement de la ville sur ordre du Régent : avec l’aide du Chevalier Roze, Il fit évacuer des rues des cadavres de pesteux, avec l’aide des galériens qui firent office de corbeaux, et creuser de vastes fosses communes aux portes de la ville et dans le bastion de la Tourette. Ces malheureux forçats des galères réquisitionnés moururent pour la plupart, mais les survivants, à qui on avait promis la liberté, ne la recouvrirent pas toujours : on ne sait pas si des galériens pour la foi furent concernés. Il réorganisa la milice pour mettre fin à l’insécurité (vols, extorsions, assassinats) suite à la désorganisation sociale.    La peste dura jusqu’au 28 mai 1721 : elle toucha 90.000 personnes et fit 39.134 victimes. Comme lors de nombreuses autres grandes épidémies, la peste à Marseille entraina à la fois des réactions de fuite, de répulsion, mais aussi de compassion.

Dr Jean VITAUX, Conseiller  Presbytéral, Correspondant de l’Institut

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Une terre de mutations

Les terres dont il sera question ici sont celles qui s’étendent au Sud du Luberon jusqu’à la Durance.

Au début de notre histoire (en fin du 14ème siècle), ces terres appartiennent au Comte de Provence.

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Terres agricoles, elles sont cultivées dans les coteaux par des restanques (étages ou traversiers). Cela demande un gros travail de construction avant de pouvoir mettre en culture la terrasse.

Pourquoi pas de cultures dans la vaste vallée de la Durance vous demanderez-vous ?

A cause des inondations quasi systématiques au printemps lorsque la fonte des neiges des Alpes du Sud grossit le lit de la Durance au point d’inonder toute la vallée.

Ne cherchez pas plus loin la raison de l’absence de tout village historique dans la vallée de cette redoutable faucheuse qu’a été la Durance des siècles durant.

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Lettre du 10 mai 2020

Bonjour,

Éditorial

Avant tout, nous vous espérons en bonne santé, ainsi que vos familles et vos proches.

 En janvier dernier, nous vous avons adressé la première lettre de nouvelles du projet d’évangélisation des paroisses Lubéron, Val de Durance et Pays d’Aix. La pandémie Covid et le confinement ont beaucoup ralenti les actions en cours et rendu impossible les rencontres prévues pour cet été. Mais l’équipe dédiée au projet continue à compléter le site http://www.protestants-luberon-aix.fr et à tracer les perspectives d’actions.

Cette expérience inédite de confinement, nous a tous affectés, et dans tous les domaines de notre vie : affective, physique, économique, philosophique, environnementale, spirituelle… Nous souhaitons recevoir vos réflexions sur la façon dont vous avez vécu le confinement et les enseignements que vous en avez tirés pour vous-mêmes. Si vous nous l’autorisez, nous publierons une sélection dans le courrier des lecteurs.

En introduction à ce partage, voici le regard du pasteur Gill Daudé d’Aix-en-Provence, sur le vécu d’un temps pascal sous le régime confiné !

« Ce temps de Pâques confiné est formidable !

Toutes les religions sont obligées de sortir de la routine rituelle, de revenir à leur Essentiel, et de réinventer, rénover, la double étymologie que l’on attribue au mot « religion » : relire (donc ré-interpréter leurs Écritures) et relier, donc réinventer du lien autrement, à Dieu et aux autres.

Le renouvellement intérieur, autant que communautaire, est à cette croisée, j’en suis persuadé.

Et comme la lumière vient de l’intérieur, le rayonnement fraternel des religions dépend de ce travail intérieur.

On peut évidemment regretter le passé et réclamer de revenir au plus vite à ce qu’on a toujours connu. C’est peut-être rassurant mais ce n’est pas l’évangile de la résurrection qui est plutôt d’aborder avec confiance les surprises de l’Esprit.

Peut-être ce confinement qui va durer un peu plus pour les religions que pour d’autres, est-il une chance pour retourner encore aux Ecritures, se questionner sur notre manière de nous relier (ou non) à Dieu et aux autres (les deux sont indissociables), proches et lointains (les deux se confondent), et de nous laisser surprendre par la liberté de l’Esprit qui souffle où il veut. »

Relire, pour réinventer et revenir à l’essentiel, c’est le chemin de l’évangile ! 

Le site http://www.protestants-luberon-aix.fr

Jean-Paul, comme vous pouvez le lire, est en train de mettre à jour le site de l’équipe.

Les perspectives d’action

Je veux bien faire ici un premier jet… est-ce que cela convient ?

Notre équipe poursuit son travail de réflexion et de proposition de mise en place d’un « environnement » permettant ou conduisant directement, au partage et donc au témoignage de notre foi. L’attitude qui rend audible et crédible la foi des chrétiens aujourd’hui est l’attitude du témoin « celui qui expose en s’exposant, non pas en position surplombante mais dans le risque de la rencontre[1] » écrivait L Schlumberger. C’est pourquoi, ces « environnements » que nous souhaitons mettre en place, ne sont pas des fins en eux-mêmes, ils sont autant d’occasion pouvant conduire à une rencontre témoignante. [2]

Ces « environnements » peuvent être très divers. En voici quelques exemples à l’étude parmi nous !

Randonnées

Profitant de l’arrière pays si magnifique de notre région, une proposition de « randonnées priantes » est à l’étude. La marche est souvent propice à la réflexion, à la méditation, au retour sur soi[3]. Ainsi, portée par une nature inspirante, ponctuée de textes choisis et traversant des lieux dont le passé peut être aussi riche d’enseignements, une randonnée peut témoigner de belles espérances.

La beauté du paysage ainsi que les sentiers traversant le Luberon vaudois ne manqueront pas de donner force et inspiration pour un cheminement personnel où se rejoignent le témoignage proposé par l’organisateur et l’histoire héritée du lieu et des espaces traversés. Au moment où une partie des randonnées du Luberon vaudois rejoint l’Itinéraire Culturel Européen grâce au travail de nos amis de l’Association d’Etudes Vaudoises et Historiques du Luberon, des chemins riches de sens et de perspectives ne manquent pas.

Rencontres

  • de maison

Un courrier d’invitation a été élaboré, des foyers se sont proposés, pour accueillir chez eux, des groupes de partage autour de la vie de nos églises et de notre foi aujourd’hui. Nous avons repoussé les dates de lancement pour après le confinement…

  • culturelle

Convaincu qu’une rencontre à caractère culturelle, peut-être l’occasion d’un dialogue personnel ou avec un autre sur le sens, la beauté, la force ou la laideur de la vie, nous avons travaillé à l’organisation de manifestations pour nos nombreux et divers lieux (conférences, expositions, concerts, pièces de théâtre…). Bien sûr, tout ce volet a été totalement interrompu en raison de la crise sanitaire. Mais les Expositions réservées ou achetées, le travail autour d’un festival d’Art de paroles pendant une semaine dans le Temple de Lourmarin au mois de Juillet, les contacts avec différents intervenants possibles, serviront très certainement, dès que le contexte sera plus favorable.

  • « hors les murs »

Une rencontre peut aussi être le fruit d’un partenariat, d’un dialogue offert « hors de nos murs » et nous invitant à partager avec d’autres, dans un espace commun.

C’est la vision mise en place de manière laïque, par des lieux tels que « la Fruitière numérique » à Lourmarin. Nous avons donc le projet de rencontrer leur équipe afin de leur proposer d’une manière très respectueuse de la laïcité, une contribution de type ‘café-théologique’, très prisé en plusieurs lieux de France actuellement.

Cependant cette action pourrait aussi se faire dans un bar, un restaurant, voir un foyer où le voisinage pourrait être invité au débat. Les pistes sont à imaginer.

Partenariats à élaborer

Une rencontre avec le professeur Christophe Singer de l’Institut Protestant de Théologie à Montpellier, a ouvert la perspective d’accueil dans nos projets missionnaires, d’étudiants de niveau licence. Nous pourrions accueillir un ou plusieurs étudiants en même temps, pour une action précise (par exemple dans la période de l’Avent jusqu’à Noël avec la conception + la distribution de tracts + l’accueil de passants à Café Contact à Aix-en-Provence par exemple, ou pour une action d’été sur un village particulier, etc…).

 Nous souhaitions aussi, à travers ce lien, avoir l’occasion de nourrir notre réflexion autour du témoignage aujourd’hui. La Faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence sera aussi contactée dans ce sens. Mais peut-être que plus largement, des groupes de jeunes de nos églises protestantes et évangéliques, en lien avec les Eglises catholiques du secteur, pourraient trouver là aussi, un espace d’implication ?

Par ces quelques exemples, nous souhaitions partager avec vous sur les avancées de nos projets.

Un témoignage n’est jamais aérolithe, c’est un partage qui demande du temps, une histoire qui naît d’une rencontre. Pour favoriser cette dernière, il nous faut donc créer des occasions les stimulants.

Et au cœur de tous ces projets, nous avons besoin de personnes osent parler. Concrètement : vous, moi, lui, elle… pour personnellement, rencontrer et dire les perspectives de l’Evangile.

Autres actions

… restent à définir

 

Poste missionnaire Luberon, Val de Durance, Pays d’Aix – 35 Impasse des Cagouilles – 84120 Pertuis
Site internet : http://www.protestants-luberon-aix.fr
Téléphone 07 82 10 90 06 ; courriel sbackman@club.fr

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[1] L. Schlumberger, ETR 2012/3

[2] Article du Pasteure du Foyer de l’Âme à Paris, Dominique HERNANDEZ, in Evangile et Liberté https://www.evangile-et-liberte.net/2020/02/levangelisation-est-dialogue/

[3] Paradoxalement, j’ai constaté qu’en cette période de confinement, plusieurs ont redécouvert à travers la sortie autorisée de chaque jour, l’apport enrichissant de la simple marche https://societeesperance.home.blog/2020/04/20/une-deambulation-spirituelle-a-1-km-de-chez-soi-cest-possible/

 

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